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Les Rencontres AFRODESC / EURESCL

L’autre métissage. Nation, ethnicité, inégalités (Amériques, Caraïbe, France)

seront organisées à Nice du 8 au 10 novembre 2011.

Au programme : Workshops, conférences, films, exposition, posters.

Lieu : Institut des Sciences Humaines et Sociales (bâtiment à l'horloge), Pôle universitaire Saint-Jean d'Angély

3, bd François Mitterrand, Nice (tramway Saint-Jean d'Angély-Université)

Costa Chica. Un regard métissé (Franck Courtel)

Je suis encore dans l’état de Sonora quand je décide de me rendre dans la région limitrophe de l’état de Guerrero et de Oaxaca, sur la côte pacifique. Cette région, que l’on appelle la Costa Chica, située à quelques encablures au sud de la célèbre Acapulco. La Costa Chica : un espace encore vierge de toute invasion touristique et autres constructions immobilières sauvages.

Je passe alors d’une chaleur sèche et étouffante à une autre plus humide, plus tropicale. Nous sommes en janvier et mes premiers pas me mènent à Cuajinicuilapa, Guerrero. Cette ville sera mon point de départ vers les petits villages tels que Santo Domingo, Tecoyame, Tapextla, el Callejon de Romulo,…

Je souhaite en effet partir à la découverte de cette population dont on m’a tant parlé depuis ces 14 ans que je viens au Mexique. La première fois, c’était en 1996 et on me parlait déjà de Pinotepa Nacional, une ville non loin de là et réputée pour ses habitants « noirs » selon les dires des mexicains.

Vivant dans une ville cosmopolite comme Paris et étant confronté au quotidien au phénomène du métissage, l’idée de partir au contact de ces gens germe très vite dans mon esprit. Cela sera pour moi un métissage mais avec une autre histoire, d’autres attitudes, d’autres peaux. Un autre regard pour d’autres regards.

Le contact est très facile et très agréable. Mes « modèles » collaborent avec plaisir même si parfois la timidité l’emporte au début. Il faut dire qu’un photographe français dans ces villages reculés n’est pas commun. Du coup, les questions fusent et l’échange est très riche sur le plan culturel. On me demande comment est la France, ce que l’on mange là-bas, si les filles et les garçons sont beaux, si je suis marié, et si je vais rester longtemps.

J’ai pu photographier facilement et j’en éprouvais parfois une certaine ivresse durant la prise de vue tellement les rouleaux de films s’accumulaient dans mon sac. J’aime cette idée d’aller loin, dans les endroits retirés où personne ne va pour rencontrer ces gens et leur offrir ce que chacun attend : de l’attention. Personnellement, la photographie est un moyen d’aller vers les autres. La photographie est pour moi un moyen de transcender ce que je trouve beau. J’ai trouvé ces gens beaux, dans les traits de leur visage, dans la couleur de leur peau, dans la douceur et l’intensité de leur regard, dans leur sourire.


Né en 1972, Franck Courtel est originaire des Côtes d’Armor (22). Après avoir étudié à Quimper et à Rennes, des études en langues étrangères l’ont amené à voyager tout d’abord en Australie, au Mexique, en Croatie, au Liban, en Syrie… Ces voyages agiront comme des « révélateurs » sur lui. C’est en revenant d’Australie en 1995 qu’il achète son premier reflex : la frustration de ne pas pouvoir retranscrire la beauté du lieu avec un simple appareil compact l’y a poussé. Ces voyages ont suscité ce besoin d’exprimé une vision de la beauté qui est propre à chacun : il avait la chance d’avoir trouvé son médium. De retour en France, il commence alors un travail plus précis sur les conditions de vie dans le monde rural, et plus précisément celles des gens désœuvrés ou en décalage avec le monde moderne. En général, ces travaux s’étendent sur plusieurs mois, voire plusieurs années : il privilégie en effet les sujets de fond aux sujets dits d’actualité. Ce fût le cas de « Jeanne et Jean », un reportage portant sur un couple de retraité vivant en caravane en Bretagne et publié dans le magazine « L’Oeil Electrique » (décembre 2001). En juin 2000, il reçoit une commande photographique du Centre des Monuments nationaux pour un travail sur le Mont Saint-Michel. Cette commande, réalisée en couleur, verra aussi l’aboutissement d’un travail N&B qui sera exposé de juin à septembre 2001 dans la salle du Cellier au sein de l’Abbaye du Mont St-Michel puis à Zagreb et Dubrovnic (Croatie). Sélectionné au Festival « Off » de Arles 2003, ces images ont été projetées en public au sein de la Cour de l’Archevêché en juillet 2003. Ce travail a été publié dans plusieurs magazines dont Leica Fotografie International en mai 2004 (première collaboration). Entre-temps, il poursuit son travail sur le Mexique et plus précisément sur la région de Oaxaca, au sud du pays. Cependant, après une interruption de 2 ans, Franck Courtel revient avec les prémices d’un sujet sur la communauté Seri, située dans l’état de Sonora non loin de la frontière américaine. Le premier contact a lieu en août 2007. Il ne restera que quelques jours, le temps de ramener 2 ou 3 portraits qui lui semblent intéressants. Et c’est en mars 2009, 2 ans plus tard, qu’il décide d’accorder plus de temps à ce sujet. Il y consacre donc un voyage de 1 mois et les résultats sont assez concluants. Malgré la réputation des Seris pour être des gens méfiants, Franck Courtel revient avec des portraits dans lesquels se lit une vraie complicité. A son retour en France, il décide donc de préparer un second séjour mais celui-ci beaucoup plus long puisqu’il restera 1 an. Et, pour la seconde fois, en janvier 2010, le magazine Leica Fotografie International lui ouvre ses pages pour la publication d'un reportage sur l'immense décharge de México : un travail réalisé sur 4 ans. Enfin, ce séjour prolongé de plusieurs mois a aussi été l’occasion pour lui de découvrir la communauté afro-métissée de la côte pacifique, au sud de Acapulco, région appelée Costa Chica.


=> Le vernissage de l'exposition et la présentation du catalogue en présente des trois photographes auront lieu à l'Institut des Sciences Humaines et Sociales de Nice (Université de Nice-Sophia Antipolis, campus Saint-Jean d'Angely) le jeudi 10 novembre 2011 à 18h30